L’Assurance des pantins

15 Février 2019. Jean Beaumont, dirigeant d’une compagnie d’assurances est retrouvé nu, pendu dans la suite d’un palace londonien. L’Assurance des pantins retrace le parcours de cet homme pendant les cinq années qui ont précédé ce geste.

Inspiré de faits réels, ce roman décrit sur un ton ironique un environnement bien loin des valeurs de solidarité qu’il affiche.

Les avis

Ils en parlent le mieux

Prise de risque pour ce roman qui fait le pari d’intéresser des lecteurs avec le milieu des assurances. Et plus étonnant encore, l’auteur réussit ce pari ! Sujet peu attrayant de prime abord, on se surprend, dès les premières pages, à dévorer le livre. Bernard Retali, avec son écriture précise, chirurgicale, ses personnages fouillés tout en étant archétypaux, ferre le lecteur et ne le relâchera qu’au dénouement. L’auteur démontre une fine connaissance de cet univers fondé sur du vide, une bulle financière qui monte toujours plus haut, qui s’approche du soleil et dont on se demande quand elle va éclater. Bref, un roman noir qui témoigne avec acuité et acidité des réalités des entreprises cotées, d’un système qui se nourrit des hommes et des femmes qu’il broit sans autre deontologie que l’argent et le pouvoir. A son tour, le marionnettiste devient marionnette et la marionnette, marionnettiste. Et la ronde continue sans fin. Je recommande +++

Même si l’auteur insiste sur le caractère de fiction de son roman « l’Assurance des pantins », les lecteurs qui ont cotoyé le monde assurantiel seront séduits par la justesse des analyses et la pertinence des observations en forme de critiques désabusées. Tout y est ! Les fausses personnalités managériales placées sur un piédestal, la minutieuse description des mauvais coups, les stratégies en prêt- porter inspirées par nos chers, très chers cabinets de conseils, et le mépris des valeurs fondatrices de l’Entreprise et de ses composantes, réduite à la taille d’un jeton de Monopoly. A consommer sans modération !

Ce livre est un roman, certes. Mais qui s’appuie sur une description tellement précise des manœuvres que des arrivistes professionnels mettent en oeuvre pour arriver au sommet de leur entreprise, qu’il en fait froid dans le dos. Espérons que la fiction dépasse de loin la réalité… En tout cas, je l’ai lu d’une traite. Que Jean Beaumont repose en paix !

L’ humour caustique de ce récit nous initie au fonctionnement d’une multinationale, rendu accessible au profane. Le narrateur fait vivre ses « pantins » dans une intrigue bien rythmée et nous les suivons avec plaisir car ils sont aussi des personnages intéressants et complexes. Des ellipses judicieuses alternent avec des scènes attachantes : pas de doute, ces êtres broyés par des rouages économiques sont bien humains… La langue est rigoureuse, belle, dense, et participe à l’unité de l’ensemble. Toutes ces qualités font attendre le prochain roman de Bernard Retali avec impatience! Dans ce premier roman réussi, Bernard Retali nous offre une plongée dans le monde des multinationales : une plongée sans concession, mais non dénuée d’une certaine tendresse pour ces personnages, dont les fêlures et faiblesses nous sont aussi données à voir. Le tableau est sombre, assurément, mais cette galerie de personnages hauts en couleur vient l’éclairer avec drôlerie – on imaginerait bien certains d’entre eux sortis d’un roman de Jean Echenoz. La plume est alerte, le rythme enlevé, et le ton juste et mordant.